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Les Objets Connectés ont un Plan pour aider l’Industrie…

Jeudi 10 avril 2014, une représentante de l’état quittait son portefeuille gouvernemental dédié au secteur du numérique pour en rejoindre un autre. Au même moment, comme ce sujet est particulièrement important au Ministère de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique, une nouvelle secrétaire d’Etat chargée du Numérique reprenait les dossiers en faisant son entrée à Bercy.  Toujours au ministère, mais de l’autre côté de la cour d’honneur, c’est avec tout un ensemble d’acteurs du secteur des objets connectés que j’ai également fait mon entrée à Bercy… mais dans l’auditorium. 😉

Ce même jeudi d’avril, les objets connectés faisaient également leur rentrée ou serait-ce plutôt leur début de sortie au grand jour?  Le Plan Industriel Objets Connectés était débattu dans un amphithéâtre attentif et bien rempli. Tous convoqués pour écouter et débattre c’est au sein de ces acteurs réunis pour découvrir les actions proposées par Eric Carreel, le chef de file de ce plan gouvernemental, que l’avenir des objets connectés a été évoqué.

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Pourquoi un Plan Industriel?

Le 12 septembre 2013 à l’Elysée était présenté les résultats d’un an de réflexions stratégiques destinée à déterminer les priorités de politique industrielle de la France. Son nom de bataille : la nouvelle France Industrielle.

Ces priorités sont le résultat d’une analyse approfondie des marchés mondiaux en croissance et d’un examen précis de la place de la France dans la mondialisation pour chacun de ces marchés. Elles prennent la forme de 34 plans, retenus au regard de trois critères :

  • se situer sur un marché de croissance ou présentant des perspectives de croissance forte dans l’économie mondiale ;
  • se fonder essentiellement sur des technologies que la France maîtrise, sur leur diffusion dans l’économie et leur développement ainsi que sur l’industrialisation d’une offre industrielle nouvelle ;
  • occuper une position forte sur ce marché avec des entreprises leaders, ou disposer d’un écosystème académique, technologique, économique et industriel permettant d’y occuper une place forte.

Parmi les secteurs proposant une perspective dévolution importante, une position internationale forte ainsi qu’une réelle possibilité de proposer une industrie nouvelle au pays, les objets connectés ont été identifiés.  Le chef de file de la réflexion de ce plan est issu du monde industriel.  C’est le cas également de tous les chefs de files des 34 plans identifiés comme étant des priorités de la politique industrielle de la France.

L’Objet Connecté est identifiée comme étant une industrie à fort potentiel qu’il convient d’aider, de favoriser et de mettre en avant.  Les chiffres encourageants annoncés à l’horizon 2020 sont différents d’un institut de prospective à un autre.  Mais tous annoncent une réelle opportunité industrielle.  La France n’est pas en retrait sur ce sujet. Elle est plutôt bien lancée. Les prix remportés par cette industrie au CES de Las Vegas en janvier dernier en sont une illustration.

Les objectifs du plan sont donc:

  • de développer une filière industrielle nouvelle
  • d’élaborer une feuille de route pour atteindre les objectifs

Lors de la rencontre du 10 avril 2014 l’équipe en charge du plan se proposait de présenter quelques points aux acteurs du secteur pour qu’ils puissent être discutés avant qu’ait lieu en mai prochain la présentation du rapport définitif au premier ministre. Ce rapport devrait faire mention de 5 à 10 actions opérationnelles pour accompagner ce secteur et lui donner les moyens de rayonner bien évidemment pas uniquement dans l’hexagone mais plutôt à l’international.

Le plan a été confié à Eric Carreel qui oeuvre dans le secteur depuis plusieurs années avec Withings leader de la santé et du bien être connectés, Sculpteo une plateforme d’impression 3D et enfin Invoxia qui imagine le Smart Office Phone.  Il était accompagné pour la présentation par Pascal Dagras son correspondant dédié au ministère et de Thierry Sachot (Eolane).

La mise en oeuvre du plan prévoit l’implication des pouvoirs publics mais également celle des industriels.

Vous avez dit objet connecté?

L’objet connecté

L’objet connecté est un objet qui a la capacité  d’être relié à Internet.  De là, il est en relation avec des plateformes web qui peuvent collecter les données qu’il traite et avec l’utilisateur qui le possède via un smartphone ou une tablette.  Ces 2 modes d’interactions avec l’utilisateur sont les principales aujourd’hui mais ne sont pas exclusives.

Dans le Plan Industriel Objets Connectés, on parle des objets destinés à un individu. Les objets connectés dans les filières industrielles ont un traitement indépendant et sont étudiés dans le cadre d’un sous-groupe de travail. distinct.

Eric Carreel souligne que pour imaginer un objet connecté qui ait toutes ses chances sur le marché, il ne faut pas oublier le point d’entrée à savoir l’objet lui même.  Il faut le penser d’abord et concevoir ensuite les services qui découlent des données et du big data.  Cela paraît évident mais il faut également rappeler que l’objet doit être simple à utiliser et à connecter.

Les services proposés avec l’objet connecté doit mettre en adéquation la problématique adressée et la solution proposée.

L’objet connecté chez les particuliers

Pour qu’il fonctionne, l’objet connecté doit s’extirper de son image de gadget.  Il faut qu’il réussisse à convaincre son acheteur potentiel.  Pour l’y aider, le Plan Industriel prévoir l’implémentation dans des sites de vente de la grande distribution de vitrines qui leur seraient dédiées.  Ces vitrines pourront permettre aux clients de les rencontrer ailleurs que dans des reportages ou des articles. Le contact et la proximité sont importants.  Le plan devra présenter les modalités prévues pour cette exposition afin:

  • que les objets connectés ne soient pas remisé dans une vitrine comme un simple objet.  Les objets connectés demandent à interagir et les services associés a être consultés.
  • que les vendeurs soient formés pour pouvoir les expliquer
  • que les objets ne soient pas isolés dans cette vitrine mais qu”ils soient également présent dans les bons rayons qui sont dédiés à leurs confrères non connectés.

L’ambition est d’aider le client à dépasser les premières craintes légitimes qui gravitent autour de l’objet connecté (compliqué, gadget,…)

L’objet connecté impacte l’industrie

L’objet connecté n’est pas un produit comme un autre. Jusqu’à maintenant, si l’on veu

t caricaturer, les seuls moments où l’industriel est en relation avec le client c’est éventuellement lors de l’installation et bien entendu lors d’une intervention redoutée de SAV. Avec les objets connectés, l’objet et les services sont intimement liés.  L’industriel doit construire une relation durable est continue avec ses clients.  Il n’est plus uniquement fournisseur de SAV.  L’industriel classique qui peut être frileux pour remplir ce nouveau rôle doit alors entamer une mutation de son ADN.

Cette mutation de l’entreprise est une rupture qui peut être à l’origine d’opportunités. Elle doit prendre soin de ses clients, des service et des données. Cela se passe par la création d’un lien direct et instantané avec ses clients.  En contrepartie il a accès à tout instant à des chiffres clés pour le pilotage de son activité tels que le nombre de ventes. Les types de pannes peuvent être plus rapidement remontées et les actions correctives potentiellement être proposées à l’ensemble des clients à distance sans opérations de rappel des produits. C’est également l’occasion de proposer des services à valeur ajoutée via des applications nouvelles ou des partenaires sélectionnés.

L’innovation n’est plus uniquement dans les laboratoires mais elle est également présente dans les lieux de fabrication.

L’objet connecté impacte également le cycle d’innovation.  Ce cycle va se raccourcir car l’entreprise va pouvoir savoir en temps réel les bons points à renforcer dans ses produits et services mais également les moins bons qu’il faudra corriger. C’est une opportunité pour rassembler les équipes de développement et celles de production. C’est également, pourquoi pas, une chance de relocalisation des usines en France.

Citée de l’Objet Connecté pour passer de l’idée à l’objet

Dès que l’on a l’idée du produit du siècle, et que l’on est animé de l’envie de le voir se concrétiser, on peut vitre déchanter car le chemin peut être long. Dans le monde des objets connectés comme tout va vite, la lenteur peut être une vraie pénalité. L’innovation qui réside principalement dans le fait d’être en avance sur les autres requiert une rapidité dans l’action. On peut rajouter à cela que l’innovation n’est pas efficace si on se dé-focalise d’elle.  C’est pour lutter contre ces 2 maux que la Citée de l’Objet Connecté a été pensée.

Avec cette structure, l’équipe en charge du plan souhaite:

  • rapprocher les concepteurs et les producteurs
  • proposer des produits plus attirants, plus intégrés, plus performants
  • soutenir l’écosystème naissant des objets connectés en France

Bref, l’ambition de la Cité de l’Objet Connecté c’est de gagner la course à l’innovation.

En un seul lieu toutes les compétences pour créer un objet seront réunies.  Ce lieu n’est pas une salle de réunion où l’on discute à refaire le monde. Cette cité est un lieu de production. Cette citée est une usine qui à l’ambition de fabriquer une autre image des objets connectés que celle qui consiste à penser que tout ce qui est nouveau et innovant vient obligatoirement des US. Beau programme!

Pour y arriver elle se dotera de compétences d’industriels actuelles tant pour la partie industrialisation (Fab Lab, Bureaux temporaires, ingénieurs, designers, responsables industriels,…) que pour la production (plasturgies, électronique, métallurgie, logistique,…).

L’équipe qui travaille à l’élaboration du Plan a déjà commencé à travailler pour donner naissance à cette structure. Cela passe par l’identification d’un premier lieu géographique, au choix des partenaires.  Rien n’est encore arrêté.  Toutes les candidatures sont les bienvenues.  Les objectifs annoncent une installation sur site Q3 2014 pour commencer à produire les premiers Objets Connectés Q4 2014. A terme la production devra pouvoir atteindre les 100 000 objets par mois en toute autonomie financière.

Pour y arriver il faudra convaincre à la fois les clients, les partenaires territoriaux et les financiers. Les aides au démarrage de la Cité seront nécessaires.  Le succès de l’opération est intimement lié à l’intérêt des industriels (offre et demande), des start-up, des designers, … pour le projet.  Il faudra être persuasif car il n’est pas naturel de venir partager sur un même lieu des savoir faire et des méthodes avec des entreprises concurrentes. L’intérêt de cette Cité est de permettre en continu des opérations coup de poing et de réagir vite.

Des industriels et des agents territoriaux se sont déjà fait connaître pour embarquer dans l’aventure… en espérant qu’elle soit économiquement fiable.  L’idée est d’utiliser la rapidité comme démarreur de la rentabilité.  Si la Citée marche comme prévu, d’autres devraient voir le jour un peu partout en France.

Du Savoir faire au faire savoir

Le Plan Industriel pour les Objets Connectés planche sur 2 axes de travail.  Le savoir faire et le faire savoir.

Le savoir faire français en terme d’objets connectés n’est pas débutant.  Il est même très apprécié. La Cité de l’Objet Connecté présentée ci-dessus sera là pour l’aider à se développer un peu plus. Le plan prévoir également d’étudier des moyens de faciliter les accès aux financements via des garanties des prêts aux industries.  Cette partie est l’une de celles les plus recherchées à ce jour par les start-up.  Ce fut l’un des moins détaillées.

Contrairement au savoir faire, le faire savoir est un domaine où la France n’excelle pas. Pour palier à ce défaut, il est prévu de courtiser les clients via les vitrines sur des lieux de vente physique dont on a déjà évoqué le principe. L’éducation se fera également en développant les commandes publiques ou privées innovantes.

Un autre axe de développement du Faire Savoir est la volonté de créer un événement annuel French Tech.  Nous avons déjà évoqué la French Tech il y a quelques semaines à l’occasion d’un article.  La marque du savoir faire français souhaite tenir salon. Souhaitée à l’image du CES de Las Vegas, en complément de l’IFA de Berlin, cet événement a déjà réussi à obtenir des financements importants.  Son but louable et avoué n’est pas de proposer une vitrine industrielle française pour la France mais d’être résolument un événement à destination de l’international.

On retrouvera au programme:

  • des annonces exclusives accompagnés de prestations artistiques
  • une articulation avec des événements existants (Futur en Seine….)
  • une couverture médiatique par des journalistes internationaux (US, …)

Aucune date n’est annoncée pour la première édition.  Le mois de juin aurait été une fenêtre temporelle idéale.  Le temps qu’il reste pour organiser cet événement semble un peu court…

Conclusion

Lors de cette réunion j’ai pu ressentir que les acteurs présents étaient demandeurs de solutions et d’actions à court terme.  Le secteur va vite, très vite et il n’est pas évident de survivre. Le plan final qui doit être présenté en mai va devoir répondre à cette demande. Il sera difficile au plan de fonctionner sans que les acteurs ne se l’approprient. Il est construit sur la solidarité et l’entraide, de belles notions qu’il faudra intégrer dans un discours industriel et concurrentiel…

Aux acteurs de réfléchir s’ils peuvent, s’ils veulent agir ensemble en meute ou bien chasser en loup solitaires.  Eric Carreel citait à ce titre, l’exemple du paiement électronique.  A luter les uns contre les autres concernant les technologies à retenir ou les solutions à adopter, le leader aujourd’hui n’est pas français et se nomme PayPal. Quel est la meilleure solution à apporter à notre industrie de l’objet connecté innovante?

Les questions qui ont suivi les interventions étaient bien évidemment tournées vers le secteur d’activité qui concernait le poseur de questions. On se dit alors naïvement que les premières personnes à convaincre sont à priori les acteurs eux mêmes.  Le jeu collectif n’est vraisemblablement pas acquis. Cela dit, tout n’est pas perdu non plus car c’est un secteur en pleine construction qui participe à un monde en pleine mutation.  Le jeu collectif pourra être choisi si les industriels en voient la pertinence. Les propositions qui ont pu être faites lors des débats témoignent d’un intérêt plus que certain pour la démarche.  Les acteurs des objets connectés ont besoin de se fédérer.

Pour finir, lors des discussions, il est apparu que l’équipe de travail n’avait pas exploré le domaine du logiciel embarqué, des réseaux, des données (Big Data), du cloud ou encore de la sécurité qui sont pourtant des aspects essentiels d’un objet connecté.  La réponse à cela est toute simple.  D’autres plans sont en charge de faire des propositions sur ces thématiques. On croise les doigts pour qu’il y ait une certaine discussion entre les différents plans ou tout du moins une synthèse harmonieuse en fin d’exercice!

Il ne nous reste plus qu’à patienter jusqu’au mois de mai pour voir comment le plan aura évolué à l’occasion de sa présentation aux instances gouvernementales.  En tout cas, j’ai joué mon rôle pour le secteur en contribuant à court terme à l’axe d’amélioration du Faire Savoir.

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